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Partie 10 – Finale : Quand l’amour fait mal

Voilà un presque un an que j’ai commencé à écrire.
Je dois l’avouer, j’avais bon espoir qu’arrivée à cette « Partie 10 », j’aurais quelque chose de plus positif à partager avec vous que ce avec quoi j’ai commencé. Mais je ne veux pas mentir à celles d’entre vous qui vivent avec la même pathologie que moi. Rien n’est aussi simple. Faire l’état des lieux de mon parcours m’a tout de même apporté quelque chose d’essentiel : une impulsion. Une impulsion vers une réflexion et une autre façon de voir les choses. J’ai soulevé une problématique importante : est-ce qu’on peut être heureux en couple en vivant la sexualité autrement ?

J’ai réalisé à plusieurs reprises, généralement quand je me suis retrouvée seule face à moi-même, qu’il existait une possibilité que je vive avec ce vaginisme toute ma vie. Cela implique plusieurs choses :

La première, c’est que j’impose à l’homme qui partage ma vie de vivre une sexualité autre. Pas à l’image de la sexualité comme l’imaginent les adolescents ou comme la raconte les potes, pas celle des films non plus, encore moins celle des pornos. Une sexualité « sur-mesure », où chacun y trouve son compte et où on accepte d’être différents de ceux qui nous entourent. C’est une situation complexe qui au premier abord ne parait pas insurmontable pour nous qui vivons comme cela depuis des années. Mais pour Alex, patienter en attendant que ça aille mieux et accepter de façon définitive la situation sont deux choses totalement différentes, ce que j’entends.

La seconde possibilité, c’est celle d’être seule, par choix. Je suis souvent étonnée par la réactions de mes proches lorsque j’évoque cela. Probablement parce que le terme « solitude » n’est pas le bon. Je parle plutôt d’une indépendance totale et non-temporaire. Un choix de ne plus avoir à baser mes projets selon la possibilité d’avoir ou non une sexualité normale. Je ne comprends pas à quel moment c’est devenu un tel critère de choix dans ma vie. Tant que je n’ai pas réglé ce « problème », je refuse de me projeter dans un achat, dans un mariage ou dans des projets familiaux. Car c’est pour moi injuste d’imposer cette vie à celui que j’aime. Je doute de sa capacité à prendre du recul dès aujourd’hui, et à admettre qu’il ne pourra pas vivre comme ça pour toujours. Et donc, j’attends. J’attends de changer et lorsque cela ne change pas, j’ai peur. Mais je ne veux plus avoir peur et si un jour je suis amenée à être à nouveau seule, je pense le rester. Je veux savoir ce que ça fait de me lever le matin et de ne pas m’en vouloir. Je voudrais croire qu’avoir une vie sexuelle « comme tout le monde » n’est pas aussi essentielle que l’acte de respirer, de manger, de boire. Que je devrais être capable de trouver du bonheur ailleurs, sans culpabiliser constamment de ce que je fais endurer à mon couple. Les nombreuses discussions passées tendent à prouver qu’autour de moi, aucun homme ne conçoit vivre comme Alex le fait actuellement. Cela n’empêche pas mon entourage de penser que, si un jour j’étais seule, je retrouverais quelqu’un qui accepte cette situation. C’est paradoxal mais l’espoir fait vivre comme on dit et je ne veux pas me battre avec eux à ce propos. Je ne sais pas comment leur dire que le plus important dans ma vie ce n’est pas de trouver quelqu’un avec qui la partager tous les jours mais de faire des choses qui me donnent envie de les partager avec d’autres. Je veux être heureuse, voilà ce dont je suis sûre. Je veux voyager, je veux trouver ma voie, je veux des enfants. Mais je ne veux pas vivre aux dépends de ma sexualité. Je suis née comme ça et un jour, tout cela va peut-être changer et je redécouvrirai le plaisir à un âge où il n’aura plus de surprises pour personne. Peut-être aussi que je vais vivre comme ça et dans ce cas, je souhaite que mon énergie aille vers la quête du bonheur, pas dans la quête d’une solution dont je ne suis pas certaine d’avoir envie.

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